Avons-nous beaucoup ri ? OUI. Avons-nous beaucoup applaudi ? OUI. Avons-nous beaucoup apprécié ? OUI. Trois fois OUI pour un triple sans faute. OUI pour Lola d’Estienne. OUI pour Florence Mendez. Et, bien entendu, OUI pour « Drôle de Mouv ».
20 heures 15. Samedi 21 décembre 2024. La Place de Trémentines à Grez-Doiceau est pavée de voitures remplie de bonnes intentions. Je trouve une petite place, une des dernières, pour mon grand camion blanc. Je ferme la porte et m’avance traquillement en direction de la lumière.
À l’entrée de l’Espace Culturel de Néthen, je choisis la table de droite. On m’accueille avec un grand sourire. On coche mon nom sur la liste des réservations. On me cercle le poignet de jaune. On m’explique clairement le fonctionnement du bar… WAOUW.
Une fois accomplies les « formalités administratives », je prends le temps de parcourir des yeux le hall d’accueil. Je me rends alors compte qu’il y a des bénévoles dans tous les coins, toutes affairées. Dans l’équipe, rien que des dames. Pas le moindre homme, du moins à première vue. Une idée toute bête me traverse tout à coup l’esprit. Serait-il possible que le féminisme se fasse sexiste ? Bien sûr que NON. Je plaisante… OUI, je plaisante. Tout le monde sait que les hommes sont moins efficaces que les femmes. L’essentiel est d’en prendre conscience et de l’accepter (MDR)… Les sœurs Mouvet semblent l’avoir compris depuis longtemps (LOL)…
Trêve d’humour, revenons à l’essentiel. On contrôle mon bracelet jaune à l’entrée de la salle. Une salle, comme le parking, presque remplie à ras bord. Aux tables, on discute, on boit une bière ou un verre de vin. On évoque ses déboires professionnels, ses conquêtes amoureuses, ses problèmes parentaux ou ses dîners familiaux. Bref, on se met dans l’ambiance en attendant Lola et Florence.
Une fois assis, je tente d’évaluer à vue de nez le nombre de spectateurs. On est, au moins, 150, hommes (WAOUW) et femmes confondus, à avoir répondu présent à l’appel de « Drôle de Mouv ». Bravo, les filles, vous avez gagné votre pari !
20 heures 30 précises. La salle est soudain plongée dans le noir. Les voix se taisent. Les projecteurs s’allument. Mélanie Mouvet, la grande sœur, monte la première sur scène pour présenter la soirée avec un aplomb qui me plaît beaucoup. En quelques phrases bien senties, elle chauffe la salle. Elle nous fait applaudir sur commande. Elle nous conseille vivement de consommer pendant le spectacle. Elle nous oblige même à éteindre notre GSM, sous peine de devoir payer une tournée générale. Me voilà terrifié. Alors, je vérifie que mon téléphone ne sonnera pas même si je sais que je l’ai mis en sourdine avant de quitter « Le Cœur de Nos Racines »…

DANS « DÉLICATE », FLORENCE MENDEZ BRISE « LE QUATRIÈME MUR » en marchant sur un fil…
Après Lola d’Estienne, il y a eu Florence Mendez. La fantastique performance de Florence Mendez qui m’a tenu en haleine de la première à la dernière minute de son spectacle. Et, pourtant, je ne vous le cache pas, la partie n’était pas gagnée d’avance pour la stand-uppeuse bruxelloise que j’attendais au tournant. J’attends toujours… Et j’en suis fort aise.
En effet, en surfant sur la vague, Florence Mendez joue, en permanence, à quitte ou double. Tandis que ses aficionados boivent ses propos comme du petit lait, parce qu’ils partagent ses postures militantes ou adhèrent à son franc-parler parfois provocateur, elle doit exceller si elle veut convaincre les quelques perplexes tapis dans la salle.
Et, samedi soir, à Néthen, Florence a brillé de mille feux, trouvant à tout instant le juste ton. Pendant plus d’une heure, dans son numéro d’équilibriste, parfaitement rôdé, elle n’a jamais perdu le fil. Elle m’a emporté avec elle dans ses délires scientifiques et ses blagues salaces. Dans ses réflexions philosophiques et ses règlements de compte conjugaux. Dans ses constats désopilants sur ses propres limites, ses préoccupations banales, ses doutes existentiels…
Mais l’humoriste belge m’a aussi touché au cœur et à l’âme en jouant parfaitement sa comédie humaine à multiples facettes : de la colère à la retenue, de la joie à la tristesse, de la timidité à l’extravagance, elle est parvenue à ne jamais me lasser et à me convaincre de son immense talent. Rien, dans ses postures et ses gestuelles, dans ses intonations et ses débits, dans ses registres langagiers et ses procédés comiques, RIEN n’a été laissé au hasard, surtout quand un moment d’improvisation semblait, tout à coup, s’inviter à la fête.
Enfin, tout au long de son spectacle, Florence Mendez a fait preuve d’une extrême délicatesse tout en se donnant une fausse apparence d’ourse mal léchée. De fait, à côté des grosses ficelles comiques dont elle a usé régulièrement, elle nous a livré, tout aussi régulièrement, de fines trouvailles qui éclairent son travail artistique d’un jour toujours nouveau. Voilà pourquoi, sans la moindre réserve, elle a emporté ma pleine adhésion. Quand on possède sa sensibilité extrême, son intelligence subtile et sa force résiliente, on ne peut que fracasser « Le Quatrième Mur » en mille éclats de rire…
*Merci à « Drôle de Mouv » de m’avoir donné l’opportunité de vivre, au milieu d’un public conquis, un tel moment de grâce scénique.

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